N°8 : Enquête photo avec guide
Vous retrouvez Manuel devant un petit restaurant à burritos. Cela vous a permis de bien vous remplir le ventre avant votre excursion. On vous a dit qu'il savait parler français. Disons qu'après avoir discuté 5min avec lui, il connaît quelques rudiments de la langue de Molière mais guère plus. Enfin Manuel a le sourire, il est très sympathique, vous embarquez dans son pick-up dans la périphérie de la ville pour rejoindre un village (quasiment un bidonville) et voir la façon dont les gens vivent là-bas.
En arrivant sur place, la pauvreté, la précarité et la saleté vous saute aux yeux. En y réfléchissant vous regrettez de ne pas avoir pensé à amener 3-4 ballons de foot pour les enfants qui jouent pieds nus au football avec des boulettes de journal. Manuel qui a l'air de bien connaître le quartier vous fait rencontrer 2-3 habitants du coin.
Après une heure d'entretien avec les gens qui semblent d'ailleurs contents que l'on s'intéresse à eux, vous vous rendez compte que le Chagas n'est pas un problème urgent pour ces populations modestes, car leur priorité numéro 1 est de se procurer de l'eau ou de la nourriture. En effet on meurt plus vite de faim ou de soif que d'une maladie qui met 30 ans avant de révéler d'éventuels symptômes mortels.
En jouant et en discutant un peu avec les enfants vous apprenez que certains ont accès à un semblant d'éducation dans un espace où des cours de lecture, de calcul et autres activités sont dispensés par des associations locales notamment. Béatrice, qui vient tous les mercredis depuis 3 ans pour enseigner l'histoire vous annonce que les moyens de prévention de la maladie de Chagas leurs sont dit pendant ces cours. C'est selon elle le meilleur vecteur d'information car ils le répètent aux parents et prennent conscience du problème que ça peut poser dès le plus jeune âge. [7][1]
Vous finissez par rejoindre le pick-up pour aller un peu plus profondément dans les terres visiter un village agricole. Lorsque vous arrivez, tous les habitants sont groupés devant l'entrée du village. Vous avez de la chance, le village est bloqué temporairement par les autorités pour pulvériser de l'insecticide dans les habitations afin d'éviter la propagation des punaises vectrices de maladie de Chagas ou autres maladies comme les leishmanioses. Vous discutez du produit avec les ouvriers pulvériseurs. Vous apprenez qu'il s'agit du malathion, c'est l'insecticide à effet rémanent le plus utilisé. Cependant il ne doit pas être épandu plus de 5h car il réduit l'activité de la cholinestérase, une enzyme présente dans le tissus nerveux. Cet insecticide est l'organophosphoré le moins cher et le moins dangereux pour l'homme à condition de respecter sa production par les normes OMS. Les habitants du village vous font part tout de même de leur mécontentement car l'odeur de ce produit est très désagréable. Les ouvriers vous alertent sur le fait qu'ils pulvérisent le produit aussi sur les niches et enclos à animaux car les punaises sont aussi attirées par les porcs par exemple. [8][2]
 | Avant de partir vous apercevez un enfant qui semble avoir l'œil tout gonflé, lorsque vous lui demandez s'il s'est fait piquer il dit qu'il ne sait pas. Il y a fort à parier que ce soit un signe de la phase aiguë de la maladie de Chagas, appelé le signe de Romana. Vous le prenez en photo et vous insistez auprès des ouvriers de l'autorité pour que cet enfant puisse obtenir son traitement, ou du moins un diagnostic à l'unité de soin la plus proche. |
Méthode :
Vous êtes satisfait de votre excursion. Manuel vous invite à fêter ça autour de quelques mojitos jusqu'au bout de la nuit. Le lendemain midi, après avoir bu un litre d'eau, vous avez enfin les idées claires. Il ne vous reste plus qu'à savoir quels sont les moyens de prévention au niveau du Brésil et plus globalement au niveau de l'Amérique du sud. Vous prévoyez donc un rendez vous avec le directeur d'un important hôpital de Rio avant de prévoir votre retour sur Paris. Pour écouter ce qu'il a à vous dire, Rendez vous N°6.
